En réponse aux annonces ministérielles de suppression du Numérus Apertus, les Doyennes et les Doyens des Facultés de Médecine rappellent l’augmentation rapide du nombre d’étudiants admis en seconde année de Médecine depuis 10 ans, et demandent au gouvernement les moyens nécessaires au maintien de la qualité de la formation médicale française.
Communiqué du 17 mai 2025
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Le numérus apertus fixe, région par région, une fourchette du nombre de médecins à former tenant compte à la fois des capacités de formation des universités et des besoins médicaux des territoires exprimés par les Agences Régionales de Santé.
Le nombre d’étudiants admis en seconde année de Médecine a triplé entre 1995 et 2024. Il est passé de 8 000 à 12 000 par an entre 2014 et 2024, soit une augmentation de 50 % en 10 ans. Cette augmentation rapide du nombre d’étudiants s’est faite à moyens constants et s’est nettement accélérée depuis 2010.
Aujourd’hui, force est de constater que nos Facultés de Médecine manquent cruellement d’enseignants, de personnels de scolarité, de locaux. Beaucoup de lieux de stage sont également arrivés à saturation.
Sans moyens supplémentaires, continuer à augmenter le nombre d’étudiants en médecine aggraverait encore cette situation et dégraderait la formation de nos futurs médecins.
La réintégration des étudiants français partis se former dans un pays de la communauté européenne est déjà possible, à condition qu’ils réussissent le concours de l’internat ou qu’ils reviennent après l’obtention de leur diplôme. Là encore, la réintégration précoce de ces étudiants français partis étudier en Roumanie, en Belgique ou en Espagne, aura pour effet le dépassement des capacités de formation de nos facultés, sans parler de l’iniquité (y compris financière) qu’engendrerait la réintégration d’étudiants partis dans des pays où il n’existe souvent pas de sélection à l’entrée des études de médecine.
L’augmentation voulue par le ministère de la santé du nombre d’étudiants admis dans les études de médecine doit tenir compte de la durée des études de médecine. Il faut au moins 10 ans pour former un médecin et les décisions d’aujourd’hui n’auront d’effet qu’en 2035.
Cette augmentation doit prendre en compte les conclusions de la Conférence Nationale de Santé qui devrait se tenir fin 2025 sous l’égide de l’Observatoire National Des Professions de Santé et dont le rôle est de déterminer les besoins de formation en santé pour les cinq ans qui viennent (Loi OTSS de 2020) : « Ces besoins doivent être déterminés en fonction de l’évolution de la démographie française, des progrès de la médecine, du vieillissement des populations, des pathologies émergentes, de l’augmentation de la prévalence des maladies chroniques, des nouvelles organisations du système de santé, des nouveaux modes d’exercice, de l’avènement des technologies (numérique, IA…) et des coopérations interprofessionnelles … ».
La CDD est très préoccupée par le sujet des déserts médicaux et par l’inégalité d’accès aux soins.
Elle propose une stratégie graduée et rapidement opérationnelle pour répondre aux besoins actuels des Français.
Cette stratégie est fondée sur :
- La création en urgence, dès 2025, de postes d’assistants territoriaux, accompagnée de mesures d’attractivité : cette mesure est soutenue par l’ISNI, l’ANEMF et le Conseil national de l’Ordre des Médecins. Elle pourrait être immédiatement opérationnelle
- L’accélération de la territorialisation des stages des internes et des étudiants en médecine de second cycle pour les inciter à découvrir les territoires et à s’installer en dehors des grandes métropoles
- La promotion de la pratique avancée des professionnels paramédicaux permettant la montée en compétence de ces professionnels et d’économiser du temps médical dans le cadre d’un exercice pluri-professionnel coordonné
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