Le mot du président

Benoît Veber

Doyen de l’UFR Santé de Rouen

Bienvenue dans le monde de la formation médicale et de la recherche universitaire en santé

La conférence des doyens de médecine (CDD) a identifié plusieurs défis à relever à court et moyen terme.

Le premier défi est celui du pilotage des réformes des études médicales.

La R1C répond à un double objectif :

  • disparition de l’effet cul-de-sac qui était observé avec la PACES ;
  • augmentation de la diversité des profils des étudiants visant à mieux irriguer les territoires.

Nous arrivons à la troisième année de la mise en place de la réforme et donc à un cycle complet de licence. Son évaluation est maintenant nécessaire pour permettre son optimisation qui doit probablement comprendre une simplification avec pour objectif une amélioration de la compréhension par les Lycéens et leurs familles, des voies d’accès aux formations médicales.

La R2C a pour objectif de sécuriser les compétences de base commune à tout médecin et d’y associer une évaluation des connaissances nécessaires à la pratique médicale en tant qu’internes.

Cette réforme est en cours de déploiement. Le savoir-faire administratif et universitaire pour le contrôle des connaissances par l’examen dématérialisé national devrait être acquis avec l’expérience des ECNi.

Une vigilance est nécessaire quant à l’organisation de l’évaluation des compétences par l’examen national ECOS. Beaucoup de travail reste encore nécessaire pour permettre sa réalisation dans de bonnes conditions de sécurité aussi bien pour les étudiants que pour les enseignants et les facultés.

La R3C a structuré l’internat en trois phases, la phase socle, la phase d’approfondissement et la phase de consolidation.

Cette réforme a permis une homogénéisation des parcours de formation entre spécialités. Elle permet la professionnalisation dès la fin du troisième cycle.

La phase de consolidation permettant l’acquisition de l’autonomie médicale en sécurité est un changement important dont l’appropriation est en cours par les
responsables médicaux.

Les premiers docteurs juniors issus de la phase de consolidation sont en train de sortir sur le marché du travail. Cette réforme est maintenant aboutie et fait l’objet des ajustements nécessaires par la mission R3C.

Le deuxième défi est celui de l’accompagnement de l’universitarisation des professions paramédicales.

Il s’agit d’un défi de taille qu’il faut réussir, afin de redonner l’attractivité qu’elles méritent à ses professions indispensables aux soins.

À côté des infirmiers(ères) en pratique avancée (IPA) dont la place dans le système de santé doit encore être travaillé pour permettre une meilleure réponse à l’accès aux soins, les infirmiers(ères) de bloc opératoire auront un diplôme délivré par les universités dès 2024.

Le troisième défi à relever est celui de la dynamisation de la recherche biomédicale.

Un pilotage plus lisible, un financement revisité et un temps de travail des hospitalo-universitaires sanctuarisé pour la recherche, sont des axes de travail incontournables. Une réflexion nationale est en cours sur ce sujet. La CDD y sera très vigilante.

En phase avec ce sujet, il est nécessaire d’évoquer la gouvernance des hôpitaux. Celle des CHU doit impérativement conserver un lien fort avec l’université et donc son UFR de rattachement. Là encore la CDD sera
très attentive aux propositions qui seront faites.

Le quatrième défi, et pas des moindres, est celui de l’attractivité des carrières hospitalo-universitaires.

En effet, dans plusieurs disciplines, la relève n’est plus lisible à court terme et pourrait aboutir à un effondrement du modèle HU. La perte d’attractivité, objectivée cette année pour les postes de chef de clinique,
témoigne de l’urgence à proposer des mesures permettant de restaurer une attractivité pour les carrières HU satisfaisante. De même, le problème de la retraite des hospitalo-universitaires doit impérativement être rapidement réglé.

En l’absence d’un choc d’attractivité mis en place rapidement, c’est le modèle HU et donc le modèle des CHU à la française qu’il faudra revoir complètement.

Le cinquième défi est celui de la place de la faculté dans son territoire.

L’irrigation territoriale en professionnels de santé est une responsabilité qui incombe aux facultés de santé. L’universitarisation des territoires est une piste importante pour favoriser l’implantation territoriale d’équipe médicale et ainsi générer une attractivité en région pour de jeunes professionnels. Plusieurs expérimentations
sont en cours d’analyse. Une synthèse sera prochainement proposée par la CDD.

Finalement, il apparaît nécessaire de redéfinir et de faire évoluer le modèle hospitalo-universitaire pour les années à venir. Ce sera le thème développé lors des assises hospitalo-universitaire de décembre 2023.

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