La CDD alerte sur les risques des ECOS 2026, la réforme d’entrée en études de santé et sur le bien être des étudiants

Conférence de rentrée des Doyens de Médecine

8 octobre 2025 – La Conférence des doyennes et des doyens des facultés de médecine (CDD) tire la sonnette d’alarme pour l’édition 2026 des ECOS (Examens cliniques objectifs et structurés) qui concentre des risques majeurs d’organisation liés à l’augmentation des effectifs, à l’intégration des étudiants ultramarins et à la fragilité opérationnelle de l’épreuve. La CDD demande les arbitrages nécessaires : sécurisation et simplification des épreuves, stabilisation du calendrier 2026.

En 2024 et 2025, les ECOS ont pu se tenir grâce à une mobilisation exceptionnelle des UFR : 100 % des équipes de scolarité ont été engagées, aux côtés de 2 200 enseignants-chercheurs, sur 33 facultés. Mais cette réussite ne saurait masquer la fragilité du dispositif.

Pour la CDD, l’édition 2026 est une année à haut risque pour plusieurs raisons :

  1. Majoration de la complexité et de la lourdeur organisationnelle :

Près de 11 500 étudiants participeront aux épreuves nationales 2025/2026, contre 9 500 l’an dernier. L’intégration des Antilles et de la Réunion impose une synchronisation nationale des ECOS sur plusieurs fuseaux horaires et sur plusieurs jours. Cette augmentation du nombre d’étudiants et du nombre de sites, à fortiori dans les territoires ultramarins, sont autant de facteurs qui augmentent les risques de dysfonctionnements susceptibles de désorganiser l’ensemble de la chaîne nationale : pannes informatiques, incidents logistiques, évacuations de locaux pour raisons de sécurité, imprévu organisationnel…

  1. Pas de simplification des épreuves faute d’accès aux données de 2024 et de 2025 :

La CDD regrette l’absence d’accès aux données complètes issues des éditions 2024 et 2025 des EDN et des ECOS. Ces données sont nécessaires pour proposer une simplification docimologique et organisationnelle des épreuves : par exemple, réduction du nombre de stations, organisation des circuits, double évaluation et mobilisation d’’examinateurs externes, utilisation de patients standardisés ou d’acteurs professionnels, … Sans analyse précise de ce qui a été réalisé sur les deux premières années de la réforme, toute évolution du dispositif reste aveugle et risquée.

  1. Pas d’amélioration de la sécurisation des épreuves faute d’arbitrage sur les solutions proposées :

La CDD conserve l’ambition de noter les étudiants sur 10 stations, avec la possibilité d’annuler jusqu’à trois stations en cas d’incident dans une faculté, et donc de noter les étudiants sur moins de stations.

Et elle souhaite garder une copie locale des notes des stations stockées dans les tablettes pour avoir une sauvegarde en cas de panne réseau ou informatique.

  1. Stabilisation nécessaire du calendrier des ECOS 2026 :

Les dates des ECOS 2026 ont été fixées il y a plusieurs semaines et les UFR seront en très grande difficulté pour les modifier, la charge de travail des équipes enseignantes et administratives en fin d’année universitaire étant très importante, et le calendrier très contraint.

R2C, internat et répartition territoriale : points clés

  • Il y a 8 803 internes affectés à la rentrée 2025 (+ 508 vs 2024). Le taux d’inadéquation entre le nombre de postes et le nombre d’internes a été diminué cette année pour mieux répartir les internes sur les postes ouverts et éviter que certains territoires soient défavorisés. Le nombre d’internes attendus pour novembre 2026 devrait se situer autour de 11 000.
  • La CDD considère que la territorialisation des stages des étudiants en médecine (en 2e cycle et internat) est un levier important de lutte contre les déserts médicaux car elle permet aux étudiants de découvrir la pratique médicale en dehors des grandes métropoles. Le lieu où se déroulent les stages est un déterminant connu du lieu d’installation future des jeunes médecins.
  • En revanche, l’ouverture obligatoire d’une année d’entrée en études de santé dans chaque département est une proposition non réaliste qui expose à un risque d’inégalités entre les étudiants lié à la difficulté prévisible des universités à proposer un accompagnement satisfaisant dans ces sites éloignés : tutorat, enseignements dirigés, services universitaires, … Son efficacité dans la lutte contre les déserts médicaux n’est pas démontrée.

Réforme de l’entrée en études de santé : système PASS/LAS

La position majoritaire de la CDD est de proposer une évolution du système PASS/LAS vers une année unique d’entrée en études de santé comportant un corpus santé majoritaire, et une part d’enseignements hors santé. Elle souhaite préserver les acquis de la réforme de 2019 : marche en avant, double chance, réussite étudiante et ambition de diversification des profils non atteinte à ce jour. Toute évolution doit être concertée avec France Universités et avec les autres conférences de santé.

La CDD insiste sur la nécessité de respecter l’autonomie des universités et donc de ne pas aller vers un modèle unique appliqué à tous, avec une possibilité par exemple de rester sur un modèle « tout LAS ». Elle insiste sur la nécessité d’allouer des moyens financiers à toute transformation du dispositif. La mise en œuvre précipitée d’évolutions dès 2026 est irréaliste.

Nombre d’étudiants en seconde année des études de Médecine

L’augmentation du nombre d’étudiants en seconde année de médecine doit être réfléchie dans le cadre de la Conférence Nationale organisée sous l’égide de l’Observatoire National des Professions de Santé (ONDPS).

Pour maintenir la qualité de la formation des étudiants en médecine, une augmentation ne sera envisageable qu’à condition d’allouer des moyens supplémentaires aux UFR médecine/santé : création de postes d’enseignants chercheurs (1000 sur 10 ans, dont 450 d’ici 2029), création de postes d’agents de scolarité et d’agents administratifs, allocation de locaux supplémentaires.

Universitarisation des formations infirmières

L’universitarisation des formations infirmières est une réforme attendue et souhaitable pour augmenter les compétences de ces professionnels, favoriser l’interprofessionnalité et soutenir la recherche paramédicale. Il s’agit d’une réforme transformante qui nécessite un engagement fort des facultés pour construire les Départements Universitaires en Sciences Infirmières (DUSI) en liens avec les IFSI de leur territoire.

Annoncée pour 2026, cette réforme doit être accompagnée des financements nécessaires pour ne pas mettre les UFR en difficulté : crédits de fonctionnement et ressources humaines supplémentaires (enseignants chercheurs en sciences infirmières mais également en médecine, personnels de scolarité).

Bien-être étudiant : tolérance zéro pour le bizutage, priorité prévention RPS/VSS

Après le succès de la 5e conférence consacrée aux risques psychosociaux (RPS) et aux violences sexistes et sexuelles (VSS), la CDD de médecine réaffirme les points suivants concernant le bizutage : prévention et formation renforcées lors des rentrées étudiantes, surveillance des événements d’intégration, signalement systématique au procureur et sanctions disciplinaires en cas de faits avérés.

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