Communiqué de presse de la Conférence des Doyens de médecine – 14 novembre 2022
Conférence de presse organisée en visio le 27 octobre 2022
Trois réformes ont été initiées depuis cinq ans, la R1C, la R2C et la R3C qui maintenant comprend l’intégration d’une 4ème année au DES de médecine générale, afin de moderniser et refonder la formation en médecine et diversifier les profils des étudiants entrants. C’est dans ce contexte que Didier Samuel, président de la Conférence des doyens (CDD) et Benoît Veber, vice-président de la CDD ont tenu une conférence de presse pour exposer leur point de vue sur des réformes parfois contestées.
La R1C et la R2C des réformes en cours d’application
Le Président de la CDD est tout d’abord revenu sur la R1C qui a mis fin au numerus clausus et a créé deux voies d’accès aux études de médecine, le PASS et le L.AS.
Il rappelle que l’objectif de cette réforme est de diversifier les profils des étudiants en médecine.
« Après deux ans d’existence, la réforme commence à être comprise même si des interrogations demeurent et que des ajustements restent à faire ».
En effet, pour Didier Samuel, la CDD entend contribuer à améliorer la communication sur les possibilités qu’ouvrent les différentes voies.
La R1C et son évaluation
Il est essentiel « d’homogénéiser les pratiques entre les universités » car même si elles sont autonomes, il existe trop de disparités, notamment sur l’oral d’entrée – poids de l’oral et contenu de l’oral – qui a donné lieu à de multiples contestations.
Il indique qu’il ne remet pas en cause l’ajout de l’oral car dans beaucoup de formations, on retrouve une épreuve orale qui a son importance.
Il souligne concernant la R1C que la question de son évaluation est posée.
Il est nécessaire de savoir si on remplit les objectifs de diversification des profils et si des ajustements sont nécessaires.
Pour l’instant, les universités ne sont pas encore à l’objectif des 50 % d’étudiants venant de L.AS en deuxième année. Mais le président des Doyens pense que cela le sera dans les années à venir.
Par ailleurs, dans une logique d’accompagnement des profils d’étudiants en médecine venant de L.AS qui peuvent être en difficulté, la CDD souhaite renforcer l’accompagnement et le tutorat pour les aider.
La R2C, une réforme ambitieuse qui se met en place.
Le vice-président de la CDD, Benoit Veber, revient quant à lui sur la R2C dont il coordonne le comité de suivi. La R2C est « une réforme ambitieuse qui commence à se mettre en place ».
Le but est de « former les étudiants afin qu’ils débutent leur internat en ayant des compétences qui leur permettent de s’intégrer dès le début dans les équipes de soin et participer à la prise en charge des patients ».
Pour cela, les enseignants ont simplifié et modernisé les programmes en revoyant les items de la formation, dont certains ont été basculés en troisième cycle car hyperspécialisés, et d’autres intégrés comme les violences sexuelles, la télémédecine …
Les évaluations se feront via des Épreuves Nationales Dématérialisées (EDN) qui évaluent les connaissances et des ECOS qui correspondent à des mises en situation et évaluent la compétence.
Une 4ème année au DES de médecine générale contestée
La CDD est favorable à cette réforme. La médecine générale mérite, en effet, d’avoir une quatrième année correspondant à la phase de consolidation, appelée Dr Junior, comme toutes les autres spécialités.
Toutefois, le Président de la CDD rappelle que les doyens sont « contre une coercition des internes pour leur affectation sur leur lieu de stage ».
Les élus ne peuvent contraindre les internes à aller dans des zones sous-denses, sans s’occuper des territoires dans leur globalité. Il est nécessaire que les collectivités territoriales proposent les infrastructures nécessaires à la vie courante pour « renouer avec l’attractivité des territoires ».
La CDD se veut rassurante et Benoît Veber indique que les internes sont protégés par les agréments de stage. Sans cet agrément, les ARS ne peuvent pas affecter les internes.
Concernant la rémunération des étudiants, la CDD n’envisage pas la rémunération à l’acte car cela créerait une « rupture d’égalité » entre les internes.
En revanche, les doyens sont pour des incitations financières et des aides qui doivent être approfondies.
Quant aux encadrants, il y a actuellement 11.800 maitres de stage universitaires (MSU) en médecine générale. Il en faut au minimum 12.000 pour permettre une quatrième année. Cette quatrième année ne démarrera pas avant 2026 car concerne les étudiants débutant leur DES de Médecine générale en 2023, il faut donc utiliser les 3 ans à venir pour préparer cette quatrième année
Nous avons trois ans pour recruter les profils manquants.
La CDD a un travail à faire pour soutenir et promouvoir la formation des MSU en médecine générale comme dans beaucoup d’autres disciplines médicales.
Le besoin de relancer la recherche médicale française
Le constat est sans appel, la recherche médicale française s’est dégradée du fait d’une baisse de l’investissement. Mais aussi du fait de l’organisation du temps de travail dans les hôpitaux qui fait que « le soin et le management quotidien phagocytent le temps dédié à la recherche ».
En tant que formateurs des futurs hospitalo-universitaires, les doyens souhaitent s’impliquer dans la relance de la recherche médicale au sein des CH et CHU.
Enfin, les doyens notent des signaux positifs avec un réinvestissement dans le cadre de la loi de programmation de la recherche, le volet santé du plan France innovation 2030 et la récente création de l’agence innovation en santé.
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