La Conférence des Doyens de médecine et le CNU santé luttent contre les « Revues prédatrices »

La conférence des Doyens de médecine (CDD) et le Conseil national des Universités (CNU santé) veulent lutter contre les « revues prédatrices » qui nuisent à la qualité et à l’intégrité des publications scientifiques.

(NB : mise à jour avec la liste au 2 avril 2024)

📄 La liste des revues recommandables est consultable en téléchargeant notre tableau (PDF) (mise à jour au 2 avril 2024) ou en le lisant en fin de cette page.

Les publications dans des revues médicales et scientifiques sont la principale source d’information en médecine et elles contribuent au développement individuel des carrières des professionnels de santé. L’avènement des publications en libre accès a fait émerger des pratiques douteuses, voire frauduleuses, de la part d’éditeurs peu scrupuleux, motivés par les gains financiers résultant du paiement par les auteurs.

Les revues dites « prédatrices » (ou illégitimes, ou frauduleuses) constituent une menace croissante et mondiale, dupent les auteurs et les lecteurs, et participent à la mauvaise conduite scientifique. Le Code européen de conduite pour l’intégrité de la recherche indique que le fait d’établir ou de soutenir des revues qui sapent le contrôle de la qualité de la recherche constitue une faute scientifique et une pratique inacceptable.

Participer à l’activité de ces revues ou simplement les citer en référence dans un article constituent également un soutien à ces revues ce qui est condamné par le Code européen de conduite pour l’intégrité de la recherche et la Charte des Facultés de médecine.

Qu’est-ce qu’une revue prédatrice ?

Une revue prédatrice est une revue qui ne suit pas les recommandations internationales des éditeurs de revues scientifiques et qui a comme priorité le profit réalisé au dépend de toute considération de qualité de ce qui est publié.

L’évaluation préalable critique et indépendante par les pairs est absente ou falsifiée, la vérification de la conformité éthique et réglementaire de la recherche ignorée ou négligée, et le processus d’évaluation de la qualité scientifique absent ou déficient. Ces revues ont le plus souvent une politique agressive et sans discernement de sollicitation des articles.

Toutefois, il n’y a pas aujourd’hui de définition pragmatique et consensuelle de ce qui est ou n’est pas une revue prédatrice bien que des critères permettent de les identifier et que des listes « blanches » et « noires » existent.

Les tentatives d’établir ces listes de revues prédatrices sont probablement vouées à l’échec, comme cela a malheureusement été déjà expérimenté dans le passé. Il en a été déduit que la constitution de listes de revues prédatrices était hasardeuse et qu’il était plus approprié de lister des revues qui ne sont pas suspectes de l’être.

La liste de la Conférence des Doyens de médecine et du CNU santé

À partir de la liste de la Faculté de médecine de Sorbonne Université constituée en septembre 2021, une liste non exhaustive de revues scientifiques, présumées non prédatrices et dans lesquelles il est recommandé de soumettre des articles pour publication a été élaborée par la Conférence des Doyens de médecine et le CNU santé.

Cette liste est centrée sur les domaines de la santé, de la médecine, et de la biologie sans se prononcer sur d’autres domaines scientifiques où notre expertise collective est moindre bien que nous soyons parfois amenés à y publier certains travaux. Cette liste ne résume pas tous les modes d’expression de la communication scientifique, notamment dans les domaines des sciences humaines.

Par ailleurs cette liste se limite aux revues de langues anglaise et française, seules langues pour lesquelles nous pouvons prétendre à une certaine expertise collective. La présence d’une revue dans cette liste n’est pas non plus une garantie contre la publication d’articles médiocres, frauduleux, ou ne respectant pas complètement les principes de l’intégrité scientifique.

C’est seulement une indication pour l’auteur ou le lecteur que la revue scientifique qui y figure semble bien conforme aux exigences de qualité et d’intégrité prônées par la Conférence des Doyens de médecine et le CNU santé.

Pour une revue qui n’y figurerait pas, l’auteur est engagé à être prudent et à vérifier la qualité de celle-ci (Thinkcheck Submit ou PubMed Central). Cette liste s’applique également à nos étudiants pour les mémoires et thèses. Elle est aussi utile pour la citation de références dans un article, pour la participation d’un expert aux processus d’évaluation par les pairs et à l’activité éditoriale d’une revue.

Enfin, cette liste n’est pas figée mais destinée à être révisée régulièrement car elle peut involontairement inclure des revues prédatrices ou des revues qui le deviendraient, et afin d’inclure de nouvelles revues. L’espoir, à plus long terme, est que cette liste s’efface un jour devant une liste constituant un label européen de qualité des revues scientifiques.

Texte du 17 mars 2024, signé par :
Pr. Benoit Veber, Président de la Conférence des Doyens de médecine
Pr. Bruno Riou, Vice-Président de la Conférence Doyens de médecine
Pr. Bertrand Godeau, Président du CNU santé

📄 La liste des revues recommandables est consultable en téléchargeant notre tableau (PDF) (mise à jour au 2 avril 2024) ou en le lisant en fin de cette page.

Évolution de la liste

La liste constituée comporte près de 3400 revues présumées non prédatrices et donc considérées comme acceptables pour y publier ses travaux, y exercer une activité éditoriale, ou participer aux processus d’évaluation par les pairs. Cette liste n’est ni exhaustive, ni parfaite.

Sa mise en ligne doit permettre de l’améliorer et de la faire vivre grâce aux réactions de la part de toute la communauté médico-scientifique. Si une revue listée ici est considérée comme inacceptable ou suspecte, un argumentaire pour la faire retirer de la liste peut être adressé à l’adresse de courriel Medecine-Revues-Recommandees@sorbonne-universite.fr en remplissant le formulaire en lien.

De la même manière, si une revue a été oubliée ou une si une nouvelle revue apparaît, un argumentaire pour l’inclure dans la liste peut être adressé à la même adresse électronique. Dans les deux cas, l’argumentaire doit être détaillé et documenté sur le formulaire de demande de modification, et un groupe de travail issu de la Conférence des Doyens et du CNU santé examinera la pertinence de l’ajout ou du retrait et donc si la liste doit être modifiée.

Que faire si on publie dans une revue qui n’est pas dans la liste ?

Il est de la responsabilité des auteurs, et notamment des candidats à un poste hospitalo-universitaire et de leurs mentors, d’être vigilant et de vérifier la qualité des revues qui ne se trouveraient pas sur cette liste et dans lesquelles ils souhaitent publier leurs travaux (cf. paragraphe infra).

Pour une revue qui ne figurerait pas dans cette liste, les auteurs peuvent consulter leur président de CNU ou leurs rapporteurs au CNU, leur Doyen, référent intégrité scientifique, président de commission de révision des effectifs hospitalo-universitaire et leurs rapporteurs, pour savoir s’ils peuvent les inclure ou non dans leur curriculum vitae, leurs travaux principaux de recherche, ou le calcul d’un éventuel indice bibliométrique. Il peut alors leur être demandé de produire les informations suivantes :

  1. manuscrit sollicité ou non ;
  2. manuscrit déjà soumis à une ou plusieurs autres revues et refusé;
  3. publication dans un numéro « spécial » ou un numéro habituel chronologique de la revue ;
  4. date de soumission, nombre de relecteurs, contenus des critiques, nombre de révisions, délai de publication.

Comment détecter une revue prédatrice ?

  • Le délai très court d’évaluation et de publication des articles avec des évaluations médiocres.
  • Un nom de revue ou un stylisme de site Web proche d’une revue de référence non-suspecte.
  • Des frais peu clairs ou abusifs de soumission, d’examen des manuscrits et/ou de publication.
  • Un site web mettant en avant le processus de soumission et de paiement avec plus d’insistance que celui de consultation du contenu de la revue.
  • Un manque de clarté dans la description du processus d’examen des manuscrits et dans l’application de frais divers.
  • L’absence ou la négligence de la vérification de la conformité éthique et réglementaire de la recherche.
  • Une politique agressive et sans discernement de sollicitation des articles
  • Une adresse de courriel de contact non-spécifique (par exemple @gmail.com).
  • De nombreuses sollicitations pour inviter à la soumission d’articles pour les numéros à venir ou les numéros spéciaux ou des demandes de participation à des comités de rédaction.
  • Comité de rédaction non connu avec très peu d’information sur l’affiliation de chacun.
  • Des scientifiques internationaux non qualifiés au sein du comité éditorial (ORCID ID
    et/ou RESEARCH ID non vérifiables), parfois même décédés ou imaginaires.
  • Des fautes d’orthographe dans les articles ou le site Web de la revue.
  • Attribution aux articles d’identifiants d’objet numérique (DOI) inconnus du registre des DOI.
  • L’International Standard Serial Number (ISSN) d’une revue Open Access ne peut être
    vérifié dans le Directory of Open Access Journals et/ou le Directory of Open Access Scholarly Resources.
  • Aucune politique de lutte contre le plagiat, de retrait ou de rétractation n’est décrite.
  • Un placement frauduleux du logo du Committee on Publication Ethics (COPE) sur le site
    web de la revue, sans qu’il appartienne au COPE.
  • Revues non rattachées à un organisme savant reconnu.
  • Pas de projet éditorial clair ou plusieurs « Editors » en charge d’un même manuscrit soumis.
  • La revue ne passe pas un examen attentif selon les recommandations du site Thinkcheck Submit ou d’autres sites tel le « Compass » de l’Université de Liège ou la bibliothèque de l’Université Erasmus de Rotterdam.

Liste des revues recommandables (2 avril 2024)

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